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vendredi, 06 février 2015

Michel Houellebecq, dans Soumission : « celui qui contrôle les enfants contrôle le futur, point final »

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« Les négociations entre le Parti socialiste et la Fraternité musulmane sont beaucoup plus difficiles que prévu. Pourtant, les musulmans sont prêts à donner plus de la moitié des ministères à la gauche – y compris des ministères clés comme les Finances et l’Intérieur.
Ils n’ont aucune divergence sur l’économie, ni sur la politique fiscale ; pas davantage sur la sécurité – ils ont de surcroît contrairement à leurs partenaires socialistes, les moyens de faire régner l’ordre dans les cités. Il y a bien quelques désaccords en politique étrangère... (...) 
La vraie difficulté, le point d’achoppement des négociations, c’est l’Education nationale. L’intérêt pour l’éducation est une vieille tradition socialiste, et le milieu enseignant est le seul qui n’ait jamais abandonné le Parti socialiste qui ait continué à le soutenir jusqu’au bord du gouffre ; seulement là ils ont affaire à un interlocuteur encore plus motivé qu’eux, et qui ne cèdera sous aucun prétexte. La Fraternité musulmane est un parti spécial vous savez : beaucoup des enjeux politiques habituels les laissent à peu prés indifférents ; et surtout ils ne placent pas l’économie au dessus de tout.
Pour eux, l’essentiel, c’est la démographie, et l’éducation ; la sous-population qui dispose du meilleur taux de reproduction, et qui parvient à transmettre ses valeurs, triomphe ; à leurs yeux c’est aussi simple que çà, l’économie, la géopolitique même ne sont que de la poudre aux yeux : celui qui contrôle les enfants contrôle le futur, point final. Alors le seul point capital, le seul point sur lequel ils veulent absolument avoir satisfaction, c’est l’éducation des enfants. »  

 
Michel Houellebecq

Soumission, Flammarion, Paris, 2015
(Pages 81-82)

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